J’y ai pensé pendant des mois, m’y suis préparé pendant des semaines. Et puis ça y est, le réveil sonne. On est mardi, il est 5h30 du matin. Ma femme me déteste… J’ai pas les yeux en face des trous, mais il est hors de question de commencer un trip de 850 km en ancienne dans les embouteillages parisiens. J’enfile un jeans et je vais chercher la voiture pour charger. Miracle il y a une place devant l’immeuble ! Cette journée s’annonce bien. Mais je vais promener une exposition complète de sérigraphies dans une voiture de 47 ans d’âge à travers toute la France. Est-ce que tout va rentrer ? La voiture va-t-elle faire le trajet ? Rien n’est moins certain. Stress… Quarante cinq minutes plus tard la voiture a un nouveau « Stance » avec au bas mot 60 kg d’affiches à l’avant, et à l’arrière, un meuble de présentation pour des formats 70x100cm, 6 cadres 50×70, le matériel de camping, quelques slips et une brosse à dent. Les barres de toit. Tout rentre au millimètre. Je pourrais même prendre un passager. Incroyable ce que l’on peut caser dans une Porsche.
Je chauffe le moulin. Il est 7 heures. C’est parti pour l’aventure ! Direction Royan par la N20. On commence tranquille le temps que l’huile monte en température. Puis progressivement la voiture se libère. Un camion ? On rétrograde en 4 et pied au plancher on explose l’oreille du routier dans un mugissement sauvage. Je jubile et je me dis qu’il n’y a pas assez de camions sur cette route. J’effectue des pauses toutes le deux heures en moyenne pour laisser reposer la mécanique et le pilote. Mon thermos est devenu mon meilleur ami depuis ce matin. Je regarde pour la 3ème fois le niveau d’huile. Tout baigne. Aux environs de Limoges je passe sous un panneau Saint Victurnien et une petite cloche sonne dans mon crâne : c’est le fief de Vintage Import. J’effectue un crochet mais malheureusement le shop est fermé. Je laisse une carte de visite, une petite photo souvenir et on repart.
Sur la route les gens vous font signe, des sourires et encore des sourires, appels de phare, certains se démanchent le cou pour ne pas perdre une miette du spectacle de La Yellow qui cruise à bonne allure sur l’autoban des 60’s. A Royan j’embarque sur le bac à destination de Soulac sur mer. On me complimente encore et encore. Je regarde La Yellow sur le bateau et me demande si elle pense qu’elle repart vers les Etats-Unis. Je la rassure, ce n’est pas pour maintenant. Pause pour la nuit à Vendays Montalivet chez mon ami Johann. Nous prenons le direction de la plage où Antoine a repris l’hôtel Océan. Il vient de tout refaire et s’apprête à ouvrir pour la saison. Petit tour du propriétaire et nous sommes impressionnés par la transmutation du lieu. La Porsche, la plage, un couché de soleil, des potes, quelques bières fraîches : What else ?
Le lendemain la tête un peu lourde, il faut repartir de bonne heure pour BTZ. La Yellow a revêtue pour l’occasion son habit de lumière : stickers, barres de toit, surf de fabrication artisanale. Arrivé à destination vers midi, je me rends au lieu de rendez-vous du Wheels and Waves au phare de Biarritz. De là on domine la côte basque d’un coté et les landes de l’autre. C’est magique. On a droit à un soleil californien, l’océan est splendide, les surfeurs sont à l’eau. C’est sous ce soleil que le jaune Bahamas de la voiture prend tout son sens. Je me demande si on va me laisser rentrer. Il faut penser que c’est un évènement moto. J’ai droit à un super accueil. Les yeux des motards pétillent sur mon passage et on m’ouvre les barrières pouces levés. Le site du phare est une véritable fourmilière. Tout le monde manœuvre, court, décharge, cloute, peint, tape, coupe, branche, règle. L’ouverture se fera le lendemain et il faut que tout le village d’exposants soit prêt à recevoir les hordes de motards. Je déballe mon bardât et soulage La Yellow qui reprend quelques centimètres de garde au sol. Le soir les rues de Biarritz se transforment en circuit. Ça arsouille dans tous les sens en petits groupes avec des motos pas toujours street legal. La ville entière gronde et vibre jusque tard dans la nuit. Les forces de l’ordre sont aux abonnés absents… C’est de la pure folie collective à laquelle je participe joyeusement !
Je suis invité à présenter mes sérigraphies sur le stand du Royal Racer, une boutique lyonnaise tenue par Pierre Bonnet qui propose des articles de qualité pour les Gentlemens Drivers. Nicolas Quiles de Machine Revival expose également ses créations de casques vintage sur mesure. Non content d’être un sellier hors paire, Nicolas est aussi un passionné de 911classique qu’il restaure et customise lui même. Je vous laisse imaginer nos discussions sur ces 3 jours d’exposition.
Jeudi matin, c’est compétition de surfs vintage sur la plage de la Chambre d’amour à Anglet.
Jeudi soir mille personnes se bousculaient pour le vernissage de l’exposition événement du Wheels and Waves. Un tour de force de l’organisation qui réunissait en un seul lieu la crème mondiale de la moto vintage et custom, entourée d’artistes talentueux. Un vertige d’ingénierie, de beauté mécanique et picturale.
Vendredi c’était la course de cote sur le site de la route de Jaizkibel en haut de la montage. Je n’ai pas pu y participer, mais c’est sans doute le « hit » de ces 4 jours.
Le samedi matin tout le monde part pour la grande boucle de 280 km au cœur des montagnes du Pays basque. Des centaines de motos se rassemblent sur le phare. Je pars avec la dernière horde de motards, les durs ! C’est une véritable haie d’honneur qui s’ouvre devant nous, bardée de photographes, de badauds, de caméramans de la TV et d’iPhones. J’ai l’impression de monter les marches du palais des festivals de Cannes sous les flashs. L’ambiance est électrique. On flotte sur un nuage d’octane dans un grondement assourdissant. Ca roule fort très rapidement après la sortie de la ville. J’enchaîne les virages en dévers dans la montagne basque à la poursuite d’une bande d’enragés à moto. Je connais bien ces montagnes pour les avoir parcourues en vacances à de nombreuses reprises et le décor est magnifique. La Yellow se comporte à merveille sur ces petites routes avec son surf qui s’accroche au toit. Elle est agile, facile à relancer et n’est pas ridicule derrière les motos. Les pneus sont quand même très fins ce qui n’aide pas à l’adhérence en virages appuyés et les freins ont vite montré leurs limites. Avec une pédale qui mollissait j’ai préféré jouer la sécurité et lever le pied après 45 minutes de poursuite pour finir la petite boucle sans prendre un arbre ou casser le moteur. Mais quel souvenir ! Beaucoup de motos sont restées en haut des cols quelques heures avec les ours.
J’ai parcouru environ 2300 km durant 5 jours. La 912 s’est révélée habitable, vive, souple et fiable. Des odeurs d’essence et d’huile chaude, du bruit plein les oreilles, une consommation plus que raisonnable, de beaux paysages, des rencontres formidables. J’ai vécu une expérience enrichissante et palpitante.
Le Wheels and Waves brasse une multitude de passionnés de toutes origines sociales, de tous âges, venus du monde entier, réunis dans une ferveur collective palpable. On y parle toutes les langues. On communique, on rit, on apprend, on échange. C’est la Grand Messe du custom. Une sorte de communion sauvage post-rock entre les Hommes et la mécanique dans un cadre hors norme. Mais pour combien de temps encore ?
P.S : Ce soir je passe devant la porte d’un shop qui restaure de vieilles motos dans mon quartier. 3 mecs discutent. J’entends 2 mots en passant : « Biarritz » et « génial » 😉
Remerciements :
Au Staff Southsiders : Merci d’avoir accepté La Yellow à cette communion
A Alice : Merci de supporter cette folie
A Pierre : Encore une fois merci pour l’invitation, c’était un plaisir. Des souvenirs plein la tête.
A Blitz : Merci pour la prépa et le prêt moteur, testé en condition extrême dans le Pays basque, validé indestructible.
A Nicolas : By the way, j’adore ce que tu fais !
A Johann : Ca sue ! merci.
A Roro : Toi même tu sais
A Arnaud : Françoise se languie de toi et merci pour les photos
Plus :
Wheels and waves : http://www.wheels-and-waves.com/
The Royal Racer : http://www.theroyalracer.com/
Machine Revival : https://www.facebook.com/machinerevival
Hotel Océan 2 à Vendays-Montalivet : http://www.hotellocean.com/
Photos : Arnaud Richard / Antoine Gaslais